Le secret de Lilyrose

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Le secret de Lilyrose … Lilyrose, absolument rêveuse.

J’étais assis sur la margelle face à l’océan, dégustant une glace à la crème que ma tante Louise m’avait généreusement offerte, c’était l’été, comme à chaque fois en cette saison mes parents m’abandonnaient pour rejoindre le mistral du grand sud de la France. J’étais comme accroché au cœur de ma tante Louise pour un mois. Elle s’occupait de moi comme son petit ange, j’étais très gâté et parfois, j’avoue complice, j’en abusais.

On vivait dans une maison aux volets bleus bordée de pins “Sylvestre” que tante Louise louait à un vieux commerçant tenancier des lieux. Le vieux personnage que je n’aimais pas, nous jetait toujours des regards sévères surtout à ma petite cousine Blandine, tenant pour responsable ma tante s’il y avait eu des “dégâts causés par les enfants” ; un échange de bon procédé, trop jeune encore pour comprendre, ma tante lui remettait toujours une enveloppe grise à chaque fois qu’il nous rendait visite en début de semaine.

Les pins sur la jeté battaient sous les rafales de vent océanique leurs énormes branches. Les parasols tenaient à peine pied sur la plage et le sable remontait le long de la digue qui bordait la mer, décrivant un vaste cercle qui à son tour s’évanouissait sous les feux du soleil au loin….. à cette heure les restaurants et la ville étaient rendus déserts. Les mouettes hurlaient et décrivaient de larges “danses” dans le ciel se posant “à reculons” près de moi. Intriguées, l’oeil vif, elles s’avançaient par petits sauts timides ; quelques secondes durant, elles mettaient entre parenthèses l’océan pour essayer de m’extorquer les miettes laissées choir de mon cône glacé qui fondait trop vite. La bouche sucrée, je tapotais mes chaussures contre les rochers chaotiques.

- “Bonjour, c’est quoi ton prénom ?”, une fillette aux cheveux noirs s’avança vers moi, je distinguais à peine son visage interceptant le soleil. Timidement je répondis, -” Bonjour….” - “C’est quoi ton prénom, t’es en vacances ?” ; Elle froissait de ses doigts, sa robe fuchsia à rubans noir et or, dégageant une certaine fragilité. Elle mangeait une grosse sucette au sucre candi achetée un peu plus loin sur le front de mer.

- ” Je m’appelle Antoine et toi ? - moi c’est Lilyrose, mais on dit nou-nette dans ma famille.” elle s’assit auprès de moi et je pu enfin découvrir son visage, elle était belle, les pommettes toutes rose, les cheveux tressés et retenus par un ruban aux couleurs chatoyantes, un gros nœud à l’arrière cintrait magnifiquement sa robe.

- ” Tu fais quoi là ? - Je regarde passer les bateaux, tu sais ma tante dit toujours qu’un jour les bateaux finirons par rentrer au port avec des sirènes nageant dans leurs sillages, alors j’attends. J’aimerai tant voir les sirènes pas toi ? - moi j’en connais une qui me parle tous les soirs dans mon lit, elle me lit des histoires. C’est ma maman. T’en as une maman toi ? - Oui”, je pris un air désintéressé.

Nous écoutions quelques instant les vagues sans rien dire. Lorsqu’une dame en tailleur pourpre et luxueux interrompit notre silence rêveur, elle pointait le ciel de son index comme un retour à l’ordre. -” Nou-nette, tu ne dois pas parler à des inconnus, je te l’ai déjà répété”, la dame me lança un regard oblique me rendant immédiatement responsable de cette situation. J’avais capturé sa fillette un instant, mais je n’y étais absolument pour rien, n’était-ce-pas elle qui m’avait demandée mon prénom ?, je ne fis rien qui puisse blesser ma nouvelle petite amie.

Je fermais les poings dans mes poches et le cœur gros comme un sursaut de douleur, je dis soudainement : ” Nou-nette, demain ici même….heur…….”, la femme tiraillait sa fille par le bras qui se retournait au loin en pleurant.

Chaque jour de mes vacances je suis revenu sur cette margelle même les jours de pluie lorsque ma tantine Louise nous interdisait de sortir, je m’échappais en cachette par la petite lucarne de ma chambre que je partageais avec ma cousine ; “secret de cousins Germain”. Je m’évadais en silence, pensant qu’un beau jour, la petite sirène reviendrait avec les bateaux au loin. Elle n’est jamais revenue…..

A Manon

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